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Collège Moderne (1942-1959)

L’histoire 1942-1959

La Morale d’Yvan Gradaive

extrait du fascicule n°2, JY.Martin, 1985


A titre d’exemple, voyons le contenu du cours de morale professé par M. GRADAIVE à la classe de 1ère année, en 1938-1939.

L’objet de la morale y est d’abord défini ainsi : « La morale étudie, juge et règle les mœurs. La morale est en premier lieu la science des faits moraux ou mœurs, c’est-à-dire, la façon dont les hommes se comportent individuellement ou en société. Mais la morale juge notre conduite, conformément à un certain idéal et, en outre, elle règle nos actions en nous ordonnant de faire le bien et d’éviter le mal ».

Les têtes de chapitres de ce cours de morale sont les suivants : « La civilisation et le progrès (« le progrès moral est accessible au plus humble ») – La vie morale et sa sanction (« La vertu n’est pas toujours matériellement récompensée ») – La loi morale et la conscience – Devoirs envers nous-mêmes – L’hygiène et la culture physique – Culture de la sensibilité : sobriété et tempérance ; les plaisirs malsains ; la recherche des plaisirs normaux – Culture de l’intelligence : amour de la vérité ; la sincérité ; la connaissance de soi ; la modestie, la vanité, l’orgueil – Culture de la volonté : le courage ; le travail – La dignité morale – La famille et la Société.

Voici quelques exemples de développements sur certains de ces points : « Vertus intellectuelles et vertus morales : les vertus intellectuelles se résument en une seule : l’amour de la vérité. Cette vérité n’est pas toujours facile à découvrir et nécessite souvent un véritable courage afin de triompher des erreurs volontaires ou involontaires. »… « L’esprit critique ? C’est celui qui fait preuve, non pas de dénigrement systématique, mais au contraire d’examen soutenu et de perspicacité loyale. C’est celui qui nous fait abandonner certaines idées que nous jugions vraies auparavant, qui nous oblige à renoncer à des erreurs que nous trouvions poétiques ou consolantes »… « Morales religieuse et laïque : Pour les esprits religieux, la vie morale ne trouve de justification complète que dans l’exécution des commandements d’un Dieu créateur. D’autres esprits ne donnent pas à la morale une justification surnaturelle. Pour eux, la loi morale est un commandement de la raison éclairée par la science. Ces divergences de vue ont engendré quelquefois l’intolérance, suivie de persécutions et même de guerres. Mais les esprits raisonnables et épris de justice aspirent à la paix religieuse dans le respect mutuel des convictions et des croyances. »
« La joie de connaître ? C’est celle qui est éprouvée par les savants quand ils font des découvertes. Pour les êtres d’élite cruellement frappés au physique ou au moral, c’est la plus efficace des consolations ».

Qui jurerait que M. GRADAIVE ne songeait pas à lui, mutilé de la première guerre mondiale, en professant cette joie d’apprendre et de connaître ?

Le directeur est également responsable de l’internat dont il assure la gestion. Sa femme fait office d’intendante. Ils emploient, à la date du 28 octobre 1938, « 2 surveillants, 1 cuisinière, Mme MACE, 1 garçon de salle, Jo GUILLET, 1 lingère et 1 blanchisseuse( 2 jours par semaine) » ; de 1942 à 1945, 1 cuisinière, plus 2 ou 3 employés. Mme GRADAIVE fait la cuisine : c’est un vrai cordon bleu.

Lorsque, pendant l’occupation, son mari se pense menacé par les mesures du gouvernement de Vichy et craint d’être écarté de l’enseignement, il envisage sérieusement de se reconvertir, avec son aide, dans la restauration. Elle s’approvisionne difficilement auprès des commerçants. Des familles lui apportent légumes, un peu de viande, lait, œufs et matières grasses.

Certains professeurs viennent justement, affirme-t-on, enseigner à Savenay parce que la table leur semble fastueuse, eu égard aux difficultés de l’époque.

A la fin des années trente et pendant les années de l’Occupation, l’équipe des enseignants se modifie quelque peu. Arrivent ainsi, successivement, en 1937-1938, Mr. PEVEL ; en 1938, Mr. DEMANGE, professeur d’éducation physique ; en 1938-1941, Melle CHARLEUX, professeur de musique et de français et Mme CHAGOT – dont le mari est directeur de l’Ecole Normale – professeur de français ; en 1941-1942, Mr. ALLARD, professeur de français et histoire et Mr. VERGNES, professeur d’espagnol ; en 1942-1943, Mme LE QUELLEC (math sciences), Mr DUPARC (français-espagnol) et Mme DUPARC (Histoire), ainsi que M. DUCLOS, professeur de latin-grec, venant de Nantes (connu pour avoir publié un peu plus tard, sous le nom de P. AUTIZE, un recueil de poèmes).
Après 1942, la transformation de l’E.P.S. en Collège Moderne, modifie sensiblement le caractère de l’établissement. Les problèmes sont certains au sujet des conceptions et méthodes pédagogiques, les maîtres de l’E.P.S., venant de la filière de l’enseignement primaire supérieur, n’acceptant pas toujours facilement celles des professeurs du secondaire, nouveaux venus à Savenay.

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